Intégrer une perspective de genre dans les politiques d'eau boliviennes.

Le gouvernement de la Bolivie utilise une stratégie sociale dans ses projets d'eau et d'assainissement, en vue d’élaborer une base de services durables. A la fin de l’année 2007, le service de l'eau potable et des services de base projetaient de mettre à jour ses "Directives de développement communautaire", dans le cadre de la stratégie sociale. Les membres du GWA ont saisi cette occasion pour faire le plaidoyer en faveur de l’intégration de l’équité Genre dans ces directives. Cette initiative a été bien reçue et accueillie par le vice-ministre d’alors, membre du GWA.
Pour soutenir le gouvernement dans la révision des directives, un Groupe consultatif technique (GCT) a été constitué avec des représentants d’ONG et des parties prenantes, y compris le GWA. Le principal défi du GWA est de s'assurer que tous les membres de ce groupe et les décideurs du secteur de l'eau ont été convaincus de la nécessité d'intégrer une perspective équité Genre dans les directives. Mais comment pouvons-nous le réaliser ?
Le premier problème était relatif aux différents niveaux de compréhension des membres de ce groupe multidisciplinaire. Tandis que certains travaillaient sur les théories 'Genre’ au quotidien, d'autres ne savaient rien de l’équité Genre. Un ensemble uniforme d'informations descendantes n'auraient pas satisfait ces différents besoins. Chaque membre du groupe a été plutôt suivi et accompagné selon ses propres spécificités par un membre sous contrat du GWA. Cette approche plus personnelle a aidé à intégrer le concept Genre.

Formulation des indicateurs
Dans le cadre du processus, il a été développé des indicateurs quantitatifs et qualitatifs de l’intégration du Genre à partir de l'expérience des ONG boliviennes. Ces indicateurs se destinent à montrer les avancées réalisées. Après leur examen minutieux, ils ont été acceptés par le GCT. Cependant, il s’est avéré que les indicateurs quantitatifs étaient mieux acceptés que ceux qualitatifs. Par exemple, un indicateur quantitatif avant la construction d’une nouvelle infrastructure pourrait être le "pourcentage d’hommes et de femmes participant à la prise de décision". Un indicateur qualitatif serait les "mesures prises pour appuyer la participation des femmes à la prise de décision dans le projet, comme les temps de réunion qui sont appropriés aux femmes, les structures d’accueil des enfants disponibles au cours des réunions, etc.".
L'importance des indicateurs qualitatifs n'était pas bien comprise et la difficulté à mesurer leur utilisation constituait un obstacle majeur. Cela n'est peut-être pas surprenant, puisqu'il y a plus d'expériences dans l'utilisation des indicateurs quantitatifs.
En outre, certains décideurs du Service de l'eau potable et des services de base, pensaient que le "Genre" était un concept étranger, non applicable au contexte socioculturel bolivien. En conséquence, il a été décidé de développer un "Menu des indicateurs" dans les directives pour le suivi et l'évaluation. Ces indicateurs abordent des questions Genre, mais offrent des choix. Les usagers de ces directives et les décideurs peuvent choisir des indicateurs qu’ils pensent être les plus appropriés. Les indicateurs se trouvent dans un menu en annexe, mais cela ne signifie pas qu'ils ont été marginalisés. Les directives reconnaissent toujours les différents besoins des hommes et des femmes, de même que l'importance de leur participation dans des conditions identiques. Elles ont été approuvées par le gouvernement en août 2008.

Les causes du succès
La souplesse de la formulation des indicateurs et du processus d’accompagnement individuel a permis l'acceptation du processus d’intégration du Genre de la part des décideurs et des membres du GCT. La "Formation sur le tas" et la création d'un outil opérationnel comme le "Menu des indicateurs", ont permis de briser l’approche erronée qui soutient que les questions de Genre ne peuvent être traitées qu’à un niveau conceptuel. Cela oblige les décideurs et ceux qui rédigent la stratégie d’intégration du Genre à aller au-delà de la simple parole.
La prochaine étape est, sans doute, l'élaboration de méthodologies qui permettent de mesurer l'utilisation des indicateurs qualitatifs, de même que le renforcement des capacités pour approfondir ce processus. D’autres, non moins importantes, se rapportent aux efforts constants d’intégration du Genre dans toutes les stratégies et politiques de l’eau et de l'assainissement, que ce soit grâce à un dialogue ou plus activement, quelque chose à quoi tous les membres du GWA se sont engagés.

Par Isabel Ascarrunz