Brésil : la collecte d’eau de pluie en région semi-aride aide les femmes

Le nord-est du Brésil est une région semi-aride, caractérisée par une grave pénurie d’eau et des sécheresses qui contribuent au sous-développement de la région. Le programme "Un million de systèmes de collecte d’eau de pluie (P1MC) a été lancé par les groupes de la société civile de la région. Il cible les familles rurales sans source d'eau potable auprès de leur domicile. En décembre 2007, 228 541 familles ont été mobilisées, 221 514 systèmes de Collecte d’eau de pluies (RWH) construits et 5 848 maçons formés dans le cadre du programme.

L'objectif du P1MC est de construire un million de systèmes de collecte d’eau de pluie pour un accès décentralisé à l'eau potable pour un million de familles ou environ cinq millions de personnes au total. Le programme est réalisé par Articulação do Semi-Árido (ASA), un forum d'environ 750 ONGs, d’associations de paysans et des syndicats, des coopératives, d’églises et d’organisations pour le développement local et régional. Le gouvernement brésilien et l’ASA financent conjointement le programme.

Dans le programme, P1MC les populations sont mobilisées pour participer à la mise en oeuvre politique et elles sont formées pour construire des réservoirs de collecte d'eau de pluie et pour utiliser l'eau efficacement. Les applications sont analysées lors de réunions communautaires et les bénéficiaires sont choisis selon les critères suivants pour le classement : 1) les ménages dirigés par des femmes seules ; 2) les familles ayant des enfants de zéro à 6 ans ; 3) les familles ayant des enfants et des adolescents en âge scolaire ; 4) les familles avec des adultes âgés de 65 ans ou plus ; 5) les familles qui comptent des personnes handicapées.

Les ménages dirigés par des femmes seules sont prioritaires

Le système de collecte d’eau de pluie recueille les précipitations du toit de la maison dans un réservoir semi souterrain de 16 000 litres, qui fournit suffisamment d'eau pour la boisson et la cuisine pendant huit mois ; ce qui correspond à la durée moyenne de la sécheresse dans la région. La qualité de l'eau est garantie grâce à un petit poisson qui dévore les larves : une technique peu coûteuse qui est bien connue des personnes âgées de la région. Les ménages contribuent au creusage du trou du réservoir et à la fourniture de la nourriture et d’un logement aux maçons pendant la construction, qui dure cinq jours en moyenne. Dans chaque ménage, un membre de la famille prend la responsabilité de la gestion et de l'entretien du système de Collecte d’eau de pluie (RWH) pour lequel il reçoit une formation. Dans la majorité des ménages, ce sont les femmes qui prennent soin du réservoir.

Les critères de sélection profitent aux ménages dirigés par des femmes seules, puisqu’il a été reconnu qu’ils sont plus vulnérables. L'expérience montre également que le projet est plus durable quand les femmes en sont responsables. Après la construction du système de RWH, la valeur de la propriété familiale augmente en raison de l'accès à l'eau. Les femmes qui occupent un rôle central dans la gestion domestique de l'eau sont moins susceptibles que les hommes de vendre le terrain après l’installation du système de RWH.

Le revenu familial augmente

Le système de RWH réduit le travail quotidien des femmes dans la collecte d’eau, quoique parfois il n'y ait pas assez de pluies pour remplir le réservoir. Cependant, pendant ces périodes, les réservoirs peuvent être remplis avec de l'eau des camions citernes. Alta Quitéria da Silva de Sítio Colônia, Pernanbuco est veuve et travaille comme agent de santé. Jusqu'en 2002, elle a dû acheter 24 litres d'eau par semaine pour sa famille. « Après la construction des réservoirs, cette corvée est terminée », dit-elle. En plus de l'avantage de ne plus devoir acheter l'eau, les conditions sanitaires de la communauté, en particulier celles des enfants, se sont améliorées.

Par la construction des systèmes de RWH, le revenu de la famille augmente. L'accessibilité à l'eau aide les femmes à générer un petit revenu pour produire des légumes ou des fruits ou élever des animaux. De nouvelles professions émergent également. Edilene Barbosa de Sítio Minador, Pernambuco a suivi une formation de maçonne il y a quatre ans, malgré l’objection de son mari. « Après quinze jours, j'ai commencé à travailler et il a vu que `la chose était bonne'. Je gagnais plus d'argent que lui ; alors il a décidé de se faire former aussi ; à présent, il travaille avec moi. A ce jour, j'ai déjà construit plus de 80 réservoirs dans différents villages ». Edilene va au travail à vélo et gagne environ 100 dollars US (65 euros) pour chaque réservoir qu'elle construit. Elle projette maintenant d’acheter une moto pour pouvoir couvrir de plus grandes distances.

Contact: Daniela Nogueira, département de Sociologie - Université de Brasilia (SOL/UNB), Culture et sociétés urbaines (CSU/CNRS) - Paris 8