Gender and Water Alliance
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Rendre la qualité de l'eau plus « voyante », aussi bien pour les femmes que pour les hommes

No. 26, mai 2008

En général, le test sur la qualité de l’eau est réalisé pour faire le suivi de la maintenance et de l’opération des systèmes d’approvisionnement en eau. Au Yémen, CARE se sert de l’ensemble de test de Delagua (développé par OXFAM, reproduit par le Centre Robens pour la santé et l’hygiène publique de l'Université de Surrey) comme outil de sensibilisation pour une meilleure compréhension de l’eau potable et sure dans les communautés villageoises.

« Nous avons appris à vivre avec et cela ne nous affecte pas », clament les femmes et les hommes des villages éloignés du Yémen, lorsque l’on leur explique que leur eau potable est infestée par des bactéries. Ils ne faisaient pas de lien entre la qualité de l'eau et la diarrhée dont leurs enfants souffrent depuis une quinzaine d’années. La conséquence est qu’un nombre élevé d'enfants souffrent d’insuffisance pondérale.

Les femmes puisent et stockent l'eau des ménages. La santé de la famille dépend de leur volonté d’améliorer la routine quotidienne. Cependant, celles du Yémen n'ont souvent pas leur mot à dire sur ces questions.

CARE intervient auprès des associations de femmes en milieu rural, pour l’amélioration de la quantité et la qualité de l'eau dans leur village. Après la construction des réservoirs avec lesquels les femmes transportent l’eau à la maison, chaque famille a reçu un filtre colloïdal argenté pour davantage traiter l'eau.

Test de la qualité de l’eau

Quand CARE a testé la qualité de l'eau, la presque totalité de la quantité utilisée par les ménages était toujours contaminée par des bactéries d'Escherichia coli, la principale cause de diarrhée. Bien que jusqu'ici les femmes et les hommes ont participé à la formation sur l'hygiène et l’assainissement, on constate peu de changements de comportement. Les filtres cassés ne sont pas remplacés ; les tuyaux perforés ne sont pas réparés.

La plus grande partie de l'eau utilisée dans les ménages est propre et semble potable pour les gens qui l'emploient. Pour comprendre que cela pourrait être une illusion, la contamination doit devenir visible. Pour qu’elles puissent le voir, les femmes ont été invitées à faire le test de l'eau elles-mêmes. Elles n'avaient jamais été impliquées dans un travail de « laboratoire ». Sans avoir vu les femmes le faire, les hommes ont vite fait de remarquer que : «nous pouvons mieux le faire ». Après avoir été à l'école et voyagé loin de leur village, ils se sentent mieux outillés pour faire ces choses.

Un certain nombre de femmes sont alphabétisées. CARE a dispensé des cours aux femmes, par l'intermédiaire de leur association ; le manuel d'essai a été adapté dans un arabe simple, avec des images et des schémas, afin que les femmes puissent lire ce qu'elles font.

Une fois qu'elles ont vu la procédure d'essai, elles sont entièrement responsabilisées et se sont réparties les tâches sans hésitation. Le personnel du projet a expliqué le rapport entre l'essai, la qualité de l'eau et la santé. Les normes de l’eau Yemeni - OMS ont été expliquées, pour démontrer que la qualité de l'eau est une question à la fois Yéménite et internationale et qu’elles en font partie.

Le matin après l'essai, les femmes ont compté les bactéries d'Escherichia coli, qui apparaissent sous forme de points jaunes dans les échantillons. Elles ont comparé celles-ci à l'eau filtrée, où il n'y avait aucun de ces points. En dépit du fait que les deux échantillons d'eau semblaient « “propres » ” avant l'essai, les femmes ont pu effectivement y observer les bactéries. Elles en ont été impressionnées ; cependant, elles sont toujours indécises quant au sens à donner à la situation et à la résolution du problème. La relation entre leurs connaissances nouvellement acquises sur l'hygiène et l’assainissement et les résultats de l'essai doit davantage se traduire en action.

Les perspectives

La prochaine étape consiste à effectuer le même essai avec les hommes, qui sont un pilier dans la prise de décision communautaire. Si ces derniers comprennent le concept d'eau potable et encouragent et soutiennent des femmes, elles auront plus de pouvoir pour améliorer la situation de l'eau dans le ménage. Les aspects et les conséquences de la qualité de l'eau, seront discutés encore avec les femmes et les hommes, notamment sur la façon dont ils peuvent améliorer la situation. «Voir, ce n’est pas faire ».

Conclusions

Les femmes du village étaient presque illettrées au commencement. Cependant, elles se sont révélées très capables de faire le test de la qualité de l’eau et de comprendre des résultats. L'essai sur la qualité de l'eau leur prouve que l’aspect propre de l'eau ne signifie pas toujours qu’elle est sûre. Au Yémen tribal, les hommes doivent également être convaincus que quelque chose doit se faire pour obtenir une eau de meilleure qualité. Ils doivent entreprendre le même essai sur l'eau, car cela aura un effet positif sur l'autonomisation des femmes. Les femmes devraient avoir le temps et disposer de l'espace nécessaire pour l’amélioration de la qualité de l'eau qui, combinée avec la connaissance de l’hygiène et de l'assainissement, devrait améliorer la situation de la santé de la famille.

Pour plus d'informations, contacter les auteurs : Stephany Kersten, Ammatilla Ahmed à CARE International Yemen et Kaid Al Sidrayh au Centre de l'eau et de l'environnement, Université de Sana'a au Yémen

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