Nous disposons d’une cuillère à café pour vider l'Atlantique
Il y a dix ans, au cours du deuxième Forum mondial de l'eau de La Haye, plus d’une centaine de professionnels de l'eau se sont réunis pour institutionnaliser l’Alliance genre et eau (GWA).
A cette occasion, il était évident que les hommes (essentiellement des Blancs), aux costumes noirs étaient les décideurs du secteur de l'eau. Ceux-ci provenaient de divers horizons et travaillent sur divers aspect du secteur de l’eau. Lors de ce forum, les ONG ont été invitées à ne pas organiser d’évènements parallèles. Ainsi, elles ont eu l’occasion d’intégrer le courant principal. Les participants sont venus des quatre coins du monde, et ils se sont trouvé être plus nombreux qu’à l’habitude. Parmi eux, un nombre considérable avaient, et ont toujours, une expertise sur les défis et problématiques de l'utilisation quotidienne de l'eau, ainsi que des représentants de différents groupes d’intérêt tels que les femmes, les hommes, les petits exploitants, les experts en matière de Genre, les ONG et les OCB du monde entier.
De toute évidence, il fallait faire quelque chose pour réunir les différents intérêts des usagers et des décideurs. D'une part, le dernier groupe a du s’informer de l'impact de leurs décisions sur le terrain, et des différentes considérations à prendre en compte quand au genre, à l’âge, au revenu, lieu de résidence, aux caratéristiques ethno-culturelles et plus généralement du contexte d’intervention. D'autre part, les différents usagers de l'eau vivent au quotidien ces réalités, et afin de leur permettre de faire part de leur savoir, ils doivent pouvoir obtenir le soutien nécessaire pour devenir autonomes. L’Alliance genre et eau a reçu le mandat de développer une approche prenant en compte ces deux perspectives, en combinant les aspects techniques et sociaux de la gestion de l'eau. Les gouvernements des Pays-Bas et du Royaume-Uni ont donné à l’Alliance le financement nécessaire à cet engagement pour quatre ans. Par la suite, les Pays-Bas ont renouvelé leur financement pour cinq années supplémentaires, nous amenant à cette année 2010.
Le changement s'est produit !
Aujourd’hui, dix ans plus tard, « plusieurs cycles d’eau ont été complétés, allant des océans aux nuages pour retomber en pluie, en passant par les plantes et le sol, utilisée par les hommes, puis des lacs aux fleuves et s’écoulant de nouveau lentement vers les océans ». Par ailleurs, beaucoup de conscientisation a été faite sur les aspects Genre de la gestion de l'eau à travers le renforcement des capacités, le plaidoyer, les publications, la dissémination et l’échange d'informations, et les études pilotes, grâce auxquelles nous pouvons affirmer que de nombreux individus ont appris et changé leur comportement.. Le changement depuis ces dix dernières années est surprenant.
La compréhension des relations Genre et son application dans le secteur de l’eau reste complexe.. Les gouvernements et les décideurs changent. De plus, les réalités économiques ont souvent un impact direct sur le financement des initiatives en Genre. Personne ne doute du besoin d'infrastructures, mais pour rendre l’utilisation des installations d'eau et d'assainissement optimales, il est nécessaire de porter une attention particulière sur la diversité des usagers, en particulier sur la problématique du Genre.
Il faut avoir de l’endurance
Pour la période 2011-2015, la sélection des ONG du Fonds de la coopération au développement des Pays-Bas a écarté toutes les organisations orientées sur les Femmes et le Genre, de même que celles travaillant sur l’insertion des immigrés lutte contre le VIH/SIDA. Pour le GWA, et pour beaucoup d'autres, qui dépendent du financement externe, il sera difficile de poursuivre le travail et répondre à la demande.
Est-il raisonnable d’espérer que des siècles d'inégalité dans le monde soient effacés en une ou deux décennies ? Un ancien président du GWA, M. Ethné Davey d'Afrique du Sud utilise la métaphore de la cuillère à café pour illustrer ce propos. Une cuillère café nous a été donnée pour vider l'Océan atlantique. Il est temps de passer à la cuillère à soupe, plus grande, afin de faire un petit pas en avant. Malheureusement, cela ne se produit pas. Si les femmes et les hommes sont égaux dans leurs obligations fiscales, ne devraient-ils pas être égaux face à la dépense de ces fonds ?
Nous comptons sur vous
Avec la crise alimentaire mondiale, la crise financière et le changement climatique, le GWA a un travail gigantesque à faire ; pour soutenir les femmes à trouver différentes solutions pour avancer, et aller au-delà des questions technologiques et du court terme.
Nous comptons sur l'appui constant des membres et des organisations partenaires avec lesquels nous avons travaillé avec succès pendant les dix dernières années, qui sont passés si vite. Nous sommes confiants qu'en raison de nos résultats concrets, le GWA pourra trouver de nouveaux bailleurs, même en période de crise financière.