Les rôles Genre sont décisifs pour le succès du programme Eau pour les villes africaines
En 1999, UN-Habitat a lancé le programme Eau pour les villes africaines (EVA), pour aider 17 d’entre elles à aborder la crise urbaine de l'eau et à améliorer sa gestion et celle de l'assainissement. Pendant les 50 dernières années, les villes d’Afrique ont connu une croissance démographique explosive, avec des infrastructures d’eau et d'assainissement complètement à la traîne. Des millions de personnes souffrent des conditions très peu hygiéniques, tout en essayant de survivre, avec un niveau d’approvisionnement en eau incertain et parfois sans latrines.
Ce n’est donc qu’en intégrant le Genre et en impliquant toutes les parties prenantes que les personnes pauvres pourraient avoir une chance de disposer d’ouvrages d’AEPHA et que des solutions durables pourraient être trouvées. Avec le lancement de la phase II en 2003, l'Alliance genre et eau a commencé des activités d’intégration du Genre dans le programme EVA à travers des Evaluations participatives rapides en Genre (RGAs) dans chacune des 17 villes pilotes. Dans chaque ville, le GWA a recruté un facilitateur local qui a travaillé en partenariat avec les municipalités, le personnel d'UN-Habitat et les administrations locales des eaux et des égouts, pour faire la lumière sur les besoins et les intérêts des populations : femmes, hommes, jeunesse pauvre et vulnérable et personnes physiquement impotentes. Les groupes de personnes circulent dans les villes et les taudis, demandant les points de vue des populations, visitant les services publics et recueillant les données spécifiques par Genre. Tout comme la production de rapport sur le statut des aspects Genre de l'accès aux infrastructures d’eau et d’assainissement et l’absence d'équilibre Genre dans les institutions, les RGAs ont indiqué la nécessité de disposer d’infrastructures d’eau et d’assainissement sensibles au Genre dans toutes les villes, les maisons et les écoles. Les RGAs se sont également intéressés aux questions spécifiques au niveau local, relatives au sexe et aux relations de pouvoir. “La municipalité de Harar (Ethiopie) emploie 150 agents de nettoyage, la plupart d'entre eux sont des femmes. Étant des colons vivant dans des taudis spontanés, elles n'ont pas le droit d'employer les services formels d'assainissement. Elles sont laissées à elles-mêmes pour trouver des lieux propres pour la défécation et satisfaire leurs besoins quotidiens en eau”. Une autre conclusion intéressante est que : " l’illustration et les messages retrouvés dans les manuels portent sur les rôles traditionnels des garçons, des filles, des hommes et des femmes et qui perpétuent les rôles Genre ont maintenu les femmes dans la pauvreté et écarté les femmes et les filles.”. Les évaluations ont eu pour conséquence la prise de conscience par les acteurs locaux des questions relatives au sexe, aux approches participatives et à la nécessité d’une action collective dans l'intégration du Genre dans les prestations de services d'eau et d'assainissement. Les villes impliquées
Le projet est mis en oeuvre à : Abidjan, en Côte d’Ivoire ; Accra, au Ghana ; Addis Abeba, Dire Dawa et Harar, en Ethiopie ; Bamako, au Mali ; Dakar, au Sénégal ; Dar es-Salaam, en Tanzanie ; Douala et Yaoundé, au Cameroun ; Jos, au Nigeria ; Kampala, en Uganda ; Kigali à Rwanda ; Lusaka, en Zambie; Maputo, au Mozambique ; Nairobi, au Kenya et Ouagadougou, au Burkina Faso.
Le groupe d’experts conçoit une stratégie et des plans d’action
En 2005, les facilitateurs du GWA et plus de 50 fonctionnaires des services urbains d'eau et d'assainissement des 17 villes ont discuté les résultats des RGAs à une réunion du groupe d'experts sur les cadres stratégiques et des plans d’action pour l’intégration du genre. Après l'atelier, deux consultants du GWA ont analysé les cadres et les plans dans un certain nombre de villes. L’intégration genre, ont-ils conclu, ne devrait pas être un exercice pour mettre les documents en langage ‘correct’, mais un vrai processus de renforcement des capacités des femmes et des hommes impliqués dans la mise en oeuvre. Une des principales recommandations est la nécessité de l’organisation d’une formation spécifique en Genre à l’intention des professionnels de l'ONU Habitat et ceux de l'eau. Cette session porterait sur la façon de ‘générer’ des programmes et des projets et de comprendre l'importance de la collecte de données désagrégées et selon le Genre et sur le suivi sensible au facteur égalité. Ateliers de formation en Genre
En 2007, le GWA a organisé avec ONU-habitat, les ministères en charge de l'eau et d'autres parties prenantes, des ateliers de formation en Genre dans la plupart des villes du programme EVA, pour les personnes impliquées dans les processus décisionnels dans la gestion de l'eau et de l'assainissement, celle en charge de l'intégration Genre dans les ministères nationaux de l'eau. Elle s’adresse également aux personnes employées sur place dans le programme EVA. Les participants ont reconnu que les changements sont requis dans les Accords de coopération (CAs) entre les municipalités et l'ONU/Habitat pour inclure les différents intérêts des femmes et des hommes et prendre en considération les besoins des groupes vulnérables en particulier. Les facilitateurs du GWA ont été invités à passer en revue et actualiser les CAs dans leurs villes respectives et à concevoir un système de suivi-évaluation sensible au facteur Genre pour le programme EVA.
La situation actuelle diffère d’une ville à l’autre. Certains mettent sérieusement en oeuvre les questions relatives au Genre, alors que d'autres doivent signer des CAs ou encore conduire leur première formation Genre pour les parties prenantes. En général, la contribution du GWA est appréciée et les parties impliquées dans les villes du WAC sont enthousiastes pour l’organisation d’autres formations en Genre et eau, pour le renforcement de leur expertise dans ce domaine.