Gender and Water Alliance
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Leçons d'Afrique du Sud : explorer le lien critique entre les femmes et la gestion de ressource rurales en eau

décembre 2009

L'image que j’avais de moi était de celle de la femme à la cuisine ou s’occupant de ses enfants. Quoique je sois dans une institution de gestion de l'eau, je ne me voyais pas comme dirigeante. Maintenant je le suis". (Florence Mavhimbi, participante de la région de Limpopo)


Comment est-ce que nous, en tant que consortium partenaires de développement social, pouvons nous assurer que les personnes moins instruites, socialement et économiquement impuissantes, les femmes noires en milieu rural participent de manière égale avec leurs interlocuteurs masculins dans des associations d'usagers de l'eau?
Au cours des deux dernières années, nous avons travaillé à relever ce défi dans les communautés vivant dans les zones rurales d’Afrique du Sud. Par ailleurs, nous avons démontré qu'une méthodologie à trois variables pour la transformation et l’autonomisation personnelle, la compréhension du Genre et des connaissances et compétences techniques en gestion de l'eau peut bien réussir à transformer les associations d'usagers de l'eau.
En Afrique du Sud, les associations d’usagers de l'eau forment les corps statutaires établis, en vertu de la Loi nationale de l'eau. Ce sont des associations coopératives de différents usagers de l'eau qui entreprennent conjointement des activités qui leur sont mutuellement profitables. L'idée de telles associations est de permettre aux communautés de mettre les ressources en commun pour réaliser plus efficacement des activités liées à l’eau. Cependant, traditionnellement, elles sont à dominante masculine.
Nous pensons qu’une participation active et une réelle prise de décision par les femmes dans la gestion des ressources en eau dépendent de la façon dont elles se perçoivent par rapport aux autres femmes et surtout aux hommes. Nous savons également que les questions Genre recoupent celles relatives à la race, la langue, l’éducation, l’(in) capacité, etc., et qu’elles ne se limitent pas uniquement à l’eau, mais à ce qui existe dans la société en général. Ainsi, nous avons abordé le Genre comme un processus de changement global, exigeant une base solide de qualifications personnelles et interpersonnelles et une bonne connaissance et une profonde compréhension des divers aspects Genre.

Programme de renforcement des capacités
Nous avons élaboré 8 modules de formation dans lesquels les aspects personnels dans la formation ont constitué les bases pour le reste des interventions.
Les deux premiers modules portent sur des aspects tels que l'amour-propre et l'orientation personnelle et ont exclusivement ciblé les femmes. Cela leur a offert l'occasion de s’exprimer sans être dominées ou sans entrer en compétition avec les hommes. Elles ont pu découvrir leurs propres valeurs et forces et devenir des participantes ayant confiance dans la transformation de leurs associations d'usagers de l'eau. Les femmes ont pu s'engager avec les hommes de façon plus égale, sans avoir le sentiment qu’elles ont pris du recul ou qu’elles avaient moins à offrir.
Le module 3 rassemble les participants femmes et hommes. Il porte sur les questions Genre et fait la promotion de rapports interdépendants Genre et d’un leadership ouvert et autonomisé. Ce n’est qu’ensuite que les petits détails techniques de la gestion des ressources en eau sont traités (module 4). Ceux-ci incluent l'importance de l'eau comme ressource limitée, la situation actuelle de l'eau en Afrique du Sud, les impacts de l'utilisation de l'eau, les institutions de législation et de gestion de l'eau et le rôle des femmes dans la prise de décision.
Les modules 5 et 6 portent sur le renforcement des compétences interpersonnelles et traitent de la communication et de la gestion des conflits.
Le module 7 porte sur la formation d’une vision commune par les différentes associations d’usagers de l’eau, et le dernier module (8) sur la facilitation de la conception de mini-projets, offre aux participants une occasion d'appliquer ce qu'ils ont appris.
Pendant toute la formation, les participants, en tant qu’associations d'usagers de l'eau, la communauté dans son ensemble, les organisations de développement, les collectivités territoriales (c'est-à-dire les municipalités), etc., ont été activement invitées à entretenir des relations, comme moyens de former un plus grand réseau de développement qui s'étend au delà de la gestion des ressources en eau.
Dans le cadre du processus de renforcement des capacités, les animateurs ont également utilisé l’accompagnement individuel pour examiner les options éventuelles pour aborder les barrières rencontrées par les associations d'usagers de l'eau, en identifiant les ressources locales et les partenariats potentiels, en définissant des actions pour atteindre les objectifs, en mobilisant l’engagement en faveur des plans d'action, de l'appui et de l'encouragement.
Au total, 61 personnes (31 dans la province de Limpopo, 9 dans celle du Kwazulu-Natal et 21 dans celle orientale du Cap), ont terminé les modules de formation.

Défis
Les femmes (pour plupart âgées) étaient très intéressées et engagées. Le fait qu'elles aient dû parcourir de longues distances pour être aux lieux de rendez-vous, n’étaient pas très familières du type de renforcement des capacités, étaient limitées au plan linguistique et avaient des rôles et des responsabilités traditionnels, etc., ne les a pas empêché d’y participer pleinement.
Nous nous sommes bien vite rendus compte que le défi n’était pas tant d’amener les femmes à participer, mais de les faire adhérer, d’avoir l'engagement et la participation de leurs collègues masculins, en montrant encore que la transformation Genre ne signifie pas seulement les femmes, mais également les hommes. Peu d'hommes y participaient, bien qu’ils dominent les associations d'usagers de l'eau. Dans certains cas, ils ont reconnu qu’il y avait encore du chemin à parcourir pour arriver à l’égalité Genre et l'autonomisation des femmes. C’est l'un des défis que le projet doit relever et pour lequel nous n’avons pas encore trouvé de réponse définitive.
Un autre défi reste à s’assurer le soutien continu et à long terme des femmes qui, à plusieurs reprises, ont déclaré leur expérience significative profondément vécue et changeante et qui estiment qu'elles peuvent désormais contribuer efficacement et avec confiance au niveau de leurs associations respectives d'usagers de l'eau.
Bien que le processus de renforcement des capacités soit encore en cours, les premiers résultats commencent à être enregistrés. Les femmes sont plus confiantes et bien disposées à participer activement aux réunions et discussions. A ce niveau, la mentalité est passée de l'"inactif" à l’"actif" et elles se rendent compte qu'elles peuvent - et doivent - influencer la prise de décision. Elles estiment qu'elles ont quelque chose à partager.

Par Carla Ackerman (ca-lp@iafrica.com), Alinda Nortje, Toni Belcher et René Ngwenya ou au numéro de téléphone : +27 21 887 4124.

Les auteurs de cet article forment un consortium de prestataires de services professionnels et se composent de quatre partenaires : Carla Ackerman – Consortium dynamic development CC / Free to grow (Pty) Ltd / Antonia Belcher / Rene Ngwenya (Dynamic learning spaces) Consortium. Carla Ackerman est le chef de projet du consortium.

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